Le foie est une volumineuse glande annexe du tube digestif aux fonctions multiples et complexes de synthèse et de transformation de diverses substances.
• localisation :
Le foie est logé sous le diaphragme du coté droit, formé de 2 lobes principaux, il reçoit sur sa face inférieure l’artère hépatique et la veine porte, la volumineuse veine cave inférieure qui passe en arrière, draine le sang de l’organisme.
Les cellules hépatiques (hépatocytes) forment des rangés disposés en rayon de raie autour des branches de la veine cave, par ailleurs, le foie rejoint la bille par le canal hépatique.
Le diagnostic des maladies du foie fait appel à la biologie et à la radiologie.
© fonctionnement :
FOIE |
Par:
-veine porte
Reçoit
Rejette
Bille Veine sus-hépatique
Passent Passent
Vésicule biliaire Veine cave
Dans Puis
L’intestin Circulation sanguine
Le foie peut également synthétiser des substances et les stocker comme le glucose sous forme de glycogène, en cas de déficit en glucose, le foie en libère pour maintenir constante la glycémie
Ce fonctionnement s’applique aussi à :
- des lipides
-des glucides
-des protéines : en particulier les facteurs de coagulation, le facteur I (fibrinogène),le facteur II (prothrombine), et les facteurs V, VII, X dont les taux sont diminués lors des insuffisances hépatocellulaires (destruction massive des cellules du foie).
-des hormones
-des vitamines
-des toxiques : ainsi transformés et rendus inoffensifs, ces substances sont soit d’origine interne (venant des organes et des tissus) soit externe (aliments, médicaments).
La survie sans foie ne peut durer que quelques heures.
En cas d’insuffisance hépatique grave est irréversible, le seul traitement possible est la greffe.
© hépatocytes : principale cellule du foie.
-le foie contient 300 millions d’hépatocytes douées d’une grande capacité de régénération.
- L’hépatocyte assure de multiples fonctions métaboliques grâce à son équipement enzymatique : détoxication des médicaments, épuration de l’urée, synthèse du cholestérol et mise en réserve le glucose sous forme de glycogène.
2. Définition
Le terme d’hépatite est appliqué à une large catégorie d’entité cliniques et pathologiques qui résultent de lésions hépatiques d’origine: virale; toxique; pharmacologique ou immune. Les caractéristiques communes à ces entités sont:
Le tableau clinique peut être léger, voire inapparent, ou très sévère auquel sont associés des troubles de la coagulation et des désordres neurologiques.
Sur la base des critères cliniques et biologiques deux formes sont à distinguer :
Dans le cadre de ce exposé, seules les formes virales, aigues et chroniques, sont envisagées.
3. Hépatites virales aigues
- Les différents virus et leur mode de transmission :
v Virus de l’hépatite A (HVA) : virus à ARN
C’est la cause la plus fréquente de l’hépatite virale aigue (plus de 50%) évoluant en petites épidémies, touchant les sujets jeunes.
La maladie ne donne pas d’immunité croisée avec l’hépatite B et n’évolue pas vers la chronicité (0%).
L’incubation dure de 2 à 6 semaines.
La transmission se fait par voie entérale sur le mode féco-orale :
o résultant de l’ingestion d’eau (boisson, baignade, coquillage cru…).
o d’aliments (fruits et légumes).
o ou par des mains souillées par les selles.
L’association avec d’autres affections au même mode de transmission est possible.
La vaccination donne une immunité durable supérieur à 10 ans.
v Virus de l’hépatite B (HVB) : virus à ADN
C’est une maladie fréquente dans le monde, elle ne donne pas d’immunité croisée avec l’hépatite A.
Elle peut évoluer en hépatite chronique : 5% pour les adultes et 90% pour les nouveaux-nés.
La vaccination confère une protection qui dure plusieurs années, son innocuité a été établie chez les sujets sains.
L’incubation dure de 2 à 6 mois.
La transmission peut se faire sur 4 modes :
Parentéral : transfusion, hémodialyse, seringues des toxicomanes, piqûres accidentelles, matériel insuffisamment stérilisé (soins dentaires, tatouages, mésothérapie, acupuncture, percements des lobes d’oreilles…), contact d’une érosion cutanée avec le sang : personnel de santé et de laboratoire.
Périnatal (vertical) : mère-enfant, risque maximum de 80% en cas de réplication virale au 3ème trimestre.
Horizontal (ou inter individuel) : non sexuel familial, plus rare par la salive dans la famille ou l’entourage proche d’un sujet infecté.
Les sujets à risque sont donc :
o les polytransfusés, hémophiles, hémodialysés, toxicomanes (si injections parentérales), personnel de santé…
o sujets à partenaires sexuels multiples.
o enfant née d’une mère infectée.
o entourage familial d’un porteur chronique, handicapé en institution…
v Virus de l’hépatite C (VHC) : virus à ARN (non A, non B)
C’est une hépatite qui évolue souvent sur le mode chronique (85%).
L’incubation est de 2 à 22 semaines.
La transmission se fait essentiellement par le sang : 90% des cas sont dus à des transfusions, à la toxicomanie ou à l’hémodialyse.
Plus rarement, la contamination peut se faire par le mode sexuel ou être prénatale chez le nouveau-né.
Une hépatite chronique persiste après la phase aigue dans 50% des cas, et 20% de ceux-ci évoluent vers une cirrhose, voir un cancer du foie dans 2 à 6% des cas.
v Virus de l’hépatite D (delta) :
Constitué d’une enveloppe de surface du virus B et le noyau qui contient (ARN viral et la protéine antigénique delta).
la maladie ne peut survenir que chez les personnes atteintes de l’hépatite B, en effet,ce virus a besoin de la présence du virus B pour se multiplier, l’infection peut être simultanée ou alors le virus D surinfecte une hépatite B.
Le mode de transmission est le même que pour l’hépatite B.
L’évolution de l’hépatite B est souvent aggravée par la présence de ce virus.
v Virus de l’hépatite E (VHE) : virus à ARN
Cette hépatite est souvent bénigne, sauf chez la femme enceinte qui peut avoir une hépatite fulminante.
Le mode de transmission est féco-orale.
L’incubation est courte de 15 à 50 jours.
L’évolution ne se fait jamais vers la chronicité (0%).
v Virus de l’hépatite G (VHG) : virus qui ressemble à VHC
Ce virus a été découvert en 1996 et serait transmis principalement par voie sanguine.
Les principales victimes de cette hépatite sont les patients transfusés et les utilisateurs de drogues injectables.
Encore peu connu, ce virus serait associé à celui de l’hépatite C, son pouvoir pathogène parait faible.
Virus | Incubation | Transmission | Sévérité/chronicité | Complications |
Hépatite A | 2 à 6 semaines | Fécale – Orale | Moyenne / 0% | Rare |
Hépatite B | 2 à 6 mois | Parentérale, Sexuelle Mère-enfant Horizontale | Peut être sévère / Adulte (5%) Nouveau-né (90%) | -maladie hépatique chronique -Hépatome -Glomérulonéphrite chronique -Polyarthrite rhumatoïde |
Hépatite C | 2 à 22 semaines | Parentérale (90%) Sexuelle Mère enfant | Modérée / 85% | -Hépatite chronique persistante (50%) -Cirrhose (20%) -Cancer du foie (2-6%) |
Hépatite D | Au moyenne 5 semaines | Parentérale, Sexuelle Mère-enfant Horizontale | Sévère | Peut être à l’origine d’hépatite fulminante |
Hépatite E | 10 à 40 jours | Fécale – Orale | Oui / 0% | Hépatites fulminantes (20 à 30%) |
Hépatite G | 15 à 90 jours | Parentérale (80%) Mère-enfant sexuelle | Oui / 80% | -Hépatite fulminante -Infections chroniques |
- Diagnostic positif :
Le diagnostic est évoqué devant l’apparition d’un ictère ou le plus souvent de symptômes trompeurs : syndrome grippal, asthénie, troubles digestifs, céphalée, prurit, arthralgie… et confirmé par la notion du contage, les examens complémentaires (biologie, sérologie).
Le diagnostic étiologique est importent car les risques immédiats (hépatite fulminante) ou tardifs (chronicité) sont fonction des virus en cause.
La forme commune de l’hépatite virale aigue ou bénigne est la plus fréquente (90% des cas), c’est la jaunisse ou l’ictère, caractérisée par :
§ la phase pré ictérique :
Dure de 2 à 15 jours, les symptômes initiaux associent :
à Des signes généraux : asthénie, anorexie.
à Des signes digestifs (50%des cas) : nausées, vomissements, douleurs de l’hypochondre droit ou de l’épigastre.
à Syndrome pseudo grippal (50%) : céphalées, myalgies, arthralgies, fièvre.
à Signes cutanés (rares) : éruptions maculo-papuleuses, urticaire, prurit.
§ la phase ictérique :
Débute avec l’apparition d’urines foncées ou un ictère.
Une notion de contage peut orienter le diagnostic.
La durée de cette phase est variable, environ 2 semaines chez l’enfant et 4 à 6 semaines chez l’adulte.
§ la période de convalescence :
Débute lorsque l’ictère commence à s’atténuer, l’asthénie peut persister plus longtemps.
Le bilan hépatique montre :
o une élévation des transaminases toujours supérieur à 10 fois à la normale, et quelques fois jusqu’à 100 fois à la normale : signe d’une cytolyse.
o l’augmentation de la bilirubine à prédominance conjuguée.
o l’augmentation modérée des phosphatases alcalines.
o une légère baisse du taux de prothrombine (TP).
o les sérologies sont demandées en fonction du contexte :
à Dans l’hépatite A, le taux d’IgM est élevé dans la phase précoce puis il est suivi par une élévation des IgG dans les 2 à 3 mois.
à Dans l’hépatite B, on peut retrouver 2 types d’antigènes :
- l’AG HBs : (AG de surface) se développe pendant 20 à 200 jours après le contact et reste décelable pendant 120 jours, sa persistance au-delà de 13 semaines indique un état porteur persistant.
- l’AG HBe : sera également recherché, s’il persiste, il indique que la maladie reste active et à haute contagiosité, au-delà de 4 semaines après l’installation des symptômes, le patient restera infectant.
à Dans l’hépatite C, il n’y a pas de tests spécifiques.
à Dans l’hépatite D, le diagnostic repose sur la mise en évidence des ACd.
- Evolution de la maladie :
Dans la grande majorité des cas, l’évolution est favorable :
Et dans d’autres cas, l’évolution se faire vers la chronicité.
- Manifestations buccales :
L’ictère est la seul manifestation buccale de l’hépatite virale aigue, cet ictère atteint la muqueuse buccale plus particulièrement au niveau du palais et de la région sublinguale.
L’apparition de gingivorragies chez ces malades, accompagnant d’autres manifestations hémorragiques (ecchymoses, hémorragies nasales, voir digestives) signerait le passage de l’hépatite aigue jusqu’alors banale à une hépatite fulminante, cette hépatite peut survenir dans les 3 semaines après le début de l’ictère.
Bien que la salive parotidienne est pure, ne contienne pas d’antigène HBs, la salive mixte contient des antigènes de l’hépatite B et peut être la source de transmission non parentérale.
- Complications :
- l’hépatite fulminante : elle est rare (1% des cas) mais très grave, la mortalité est de 50 % à 80%.
Les symptômes sont impressionnants :
* encéphalopathie hépatique.
* hémorragies : purpura, hémoptysie.
* troubles métaboliques : effondrement des facteurs de coagulation, hypoglycémie, troubles acido-basiques.
-Hépatite aigue A : la jaunisse dure plus longtemps que d’habitude, mais ne devient jamais chronique.
-Hépatite aigue B : le passage à la maladie chronique est possible.
-Hépatite subaiguë : les symptômes sont marqués, des signes neurologiques peuvent se voir, une évolution vers la chronicité ou même fatale est possible.
-Hépatite cholestatique : l’hépatite se complique d’une cholestase, l’évolution est longue, mais habituellement favorable.
Les hépatites chroniques sont définies par la persistance d’une élévation des transaminases et d’un état inflammatoire du foie plus de 6 mois, on distingue :
-les porteurs asymptomatiques : ces patients sont porteurs du virus de l’hépatite B, mais n’ont pas de symptômes, leur sang est contagieux.
-l’hépatite chronique persistante : survient en générale après une hépatite aigue B ou C, la guérison est de règle.
-hépatite chronique active : est une maladie grave qui peut évoluer vers une cirrhose ou un cancer du foie.
-le cancer du foie : se manifeste après 10 à 30 ans d’évolution d’une hépatite chronique.
-Induites par les réactions immunitaires contre les virus.
-Douleurs articulaires ou musculaires.
-Anémie aplasique.
-Pancréatite.
-Atteinte rénale.
- Traitement :
Il n’existe pas de traitement de l’hépatite aigue.
à La forme bénigne nécessite du repos, une alimentation normale.
à En cas de formes graves, l’hospitalisation est nécessaire pour traiter les symptômes et surveiller l’évolution.
à L’hépatite B et D peuvent être prévenues par la vaccination contre l’hépatite B.
à L’hépatite C est traitée par l’interférent du fait de son évolution fréquente vers la chronicité, mais une transplantation hépatique est indiquée dans les formes évoluées.
4. Hépatites virales chroniques
- Formes cliniques :
Les causes de l’hépatite virale chronique ne sont que partiellement connues. Il peut s’agir d’une séquelle d’hépatite B ou C. il existe deux formes d’hépatite chronique :
Elle représente la forme la plus commune (après l’hépatite B). Elle est définie comme un processus inflammatoire chronique confiné à la région de la veine porte. Le pronostic est généralement excellent. Les patients peuvent être asymptomatiques ou se plaindre de fatigue et/ou de douleurs dans le cadran supérieur droit. Les examens de laboratoires révèlent généralement une légère augmentation des transaminases.
Elle représente la forme la plus sérieuse d’hépatite. Elle peut progresser vers la cirrhose et l’insuffisance hépatique. 20% des cas font suite à une hépatite B. les manifestations cliniques peuvent être asymptomatiques ou particulièrement sévères. Les biopsies hépatiques sont d’un grand apport du point de vue diagnostic positif et différentiel (avec les autres formes chroniques) ainsi que pour apprécier la progression de la maladie.
- Diagnostic :
Le diagnostic est confirmé par la biopsie. Les transaminases sériques sont augmentées alors que les taux de bilirubine, phosphatase alcaline, albumine et d’immunoglobulines sont normaux.
- Manifestations buccales :
Elles sont identiques à celles observées dans la forme aigue: décolorations des muqueuses, pétéchies, ecchymoses et hémorragies.
- Traitement :
La biopsie hépatique est considérée comme un prérequis avant de tenter un traitement à base d’agents immunosuppresseurs.
Dans certains cas d’hépatite chronique active, les corticoïdes peuvent améliorer la clinique.
L’utilisation de l’interféron ainsi que d’autres agents antiviraux, qui sentie prometteuse, est en cours d’évaluation.
5. Evaluation en pratique quotidienne
En raison de la nature des actes qu’il est amené à réaliser, le chirurgien dentiste est particulièrement exposé à l’hépatite. C’est pourquoi l’objectif premier de cette évaluation est d’identifier les porteurs potentiels.
- Cette évaluation, qui repose sur un interrogatoire médicale, est aussi destinée à préciser la nature de l’hépatite, la sévérité, la symptomatologie et les complications qui y sont associées.
L’enquête médicale peut, dans certains cas, suggérer le type d’hépatite qui a été contractée dans le passé. Par exemple, si l’infection a été contractée chez un sujet de moins de 15 ans ou si la contamination s’est faite par l’alimentation, une forme A sera suspectée.
En cas de doute sur la nature de la pathologie, le médecin traitant sera consulté. Toute incertitude dans les propos du patient conduira le chirurgien dentiste à prendre contact avec le médecin traitant.
- Selon la classification élaborée par la Société Américaine des Anesthésistes "ASA", les sujets présentant une hépatite appartiennent respectivement à la classe II, III, II/III ou III/IV/V selon qu’il s’agit d’une hépatite A, B, C ou D. Rappelons que les patients qui appartiennent à la classe II sont des patients qui présentent une affection systémique légère à modérée avec des facteurs de risque significatifs, qui sont médicalement stables et qui nécessitent la prise de précautions lors des soins ainsi qu’une exposition minimale au stress. Les patients qui appartiennent à la classe III sont considérés comme ayant une affection systémique sévère nécessitant, d’une part, les mêmes précautions que dans la classe II (mais elles sont plus conséquentes), et d’autre part, une consultation médicale. Les patients classés ASA IV sont considérés comme ayant une affection systémique affaiblissante qui représente un risque vital. Il s’agit de patients chez qui une consultation s’impose et chez qui le traitement, nécessitant la prise de précautions strictes, doit être réalisé en milieu hospitalier. En ce qui concerne les patients appartenant à la classe V, il est très improbable que le praticien ait à les prendre en charge car ces patients ont une espérance de vie de quelques heures et sont hospitalisés. Dans tous les cas, si des soins urgents sont indispensables, ils seront limités au minimum nécessaire et réalisés sous monitorage en milieu hospitalier.
- Le praticien peut rencontrer 5 types de patients :
Mais en fait, cette évaluation, associée aux examens de laboratoire et aux informations provenant du médecin traitant, permet de définir 2 catégories de patients pouvant être rencontrés en pratique quotidienne :
o Patients à risque faible :
- Patients présentant des antécédents d’hépatite A dont les tests fonctionnels et hépatiques sont normaux et d’antigène négatif;
- Patients présentant des antécédents d’hépatite B avec tests antigéniques négatifs et présence d’anticorps;
- Patients présentant des antécédents d’hépatite C dont les tests fonctionnels hépatiques sont normaux et d’antigène négatif.
o Patients à risque élevé :
- Patients présentant des antigènes de l’hépatite B;
- Patients présentant des tests hépatiques anormaux;
- Patients présentant la symptomatologie de l’hépatite.
6. Précautions à prendre :
Compte tenu, d’une part, des conséquences de l’hépatite : anomalies métaboliques (des acides aminés, des protéines, des lipides, des carbohydrates) et dysfonctions biochimiques (altération du métabolisme des médicaments, trouble de la coagulation) et, compte tenu, d’autre part, qu’il s’agit d’affections virales contagieuses, la réalisation des soins nécessite la prise de précautions particulières. Le chirurgien dentiste est 3 à 5 fois plus exposé que la population générale.
1) Précautions à prendre lors des soins :
A- les précautions à prendre vis-à-vis des divers malades :
a- Patients ayant une hépatite virale aigue ou active :
Il est évident que les soins dentaires seront au maximum évités.
Si un patient au cours d’un cycle de soins dentaires fait une hépatite, l’odontologiste devra arrêter tous les soins non urgents et prendre contact avec le médecin traitant.
Les soins d’urgence doivent suivre un protocole strict :
Contact épistolaire avec le médecin traitant pour déterminer le type d’hépatite, sa gravité, et le plan de traitement.
Prescription médicamenteuse réduite.
v NB : attention aux médicaments métabolisés par le foie.
En cas d’intervention chirurgicale indispensable (avulsion), il est nécessaire de faire un bilan d’hémostase : TP, TS, TQ, TCK.
En cas de perturbations de ces examens, il faudra en discuter avec le médecin traitant.
L’utilisation de techniques opératoires avec une asepsie stricte :
lavage chirurgical et désinfection ou mieux stérilisation de tout le matériel y compris les pièces à main, seringues à air.
pour que l’équipement puisse être désinfecté, les patients contagieux et en particulier ceux ayant un AG HBs positif devraient être traités en fin de journée comme derniers patients.
En conclusion: ne faire que les soins strictement nécessaires en urgence.
b- Patients ayant eu une hépatite virale : (après guérison)
L’interrogatoire devra tenter de savoir de quel type d’hépatite virale il s’agissait.
Si l’on est certain que le patient a fait une hépatite A et qu’il est guérit, il n’y aura aucune précaution particulière à prendre lors des soins.
Si l’on ne peut déterminer le type d’hépatite du patient ou il s’agissait d’une hépatite B, le médecin traitant sera consulté pour savoir :
© Si l’AG HBs est présent et persiste au delà de 13 semaines après la fin de la maladie clinique, cela indique : un état porteur persistant.
© Si l’AG HBe persiste, indique : maladie active et hautement contagieuse.
Les patients ayant un AG HBs ou HBe positif, devront être traités de la même façon que les patients ayant l’hépatite virale aigue.
Pour les soins courants et durables, en raison des risques de contagiosité, seront réalisés en milieu hospitalier.
c- Patient présentant une symptomatologie évoquant une hépatite virale :
Les patients chez lesquels on découvre un subictère ou un ictère (conjonctive, muqueuse buccale) accompagnant une symptomatologie diverse : céphalée, asthénie, nausées, anorexie, douleurs abdominales, tableau pseudo grippal et encore s’il s’y associe des urines foncées et des selles colorés, ne devront pas être traités mais adressés à leur médecin traitant.
L’odontologiste se bornera à traiter les urgences dentaires selon le protocole utilisé chez les malades ayant une hépatite aigue.
B- Les risques d’infection du personnel et les risques de transmission :
De toute manière, les praticiens les plus exposés sont ceux qui pratiquent la chirurgie buccale et la parodontologie.
Tout le personnel et en particulier les assistantes dentaires, doivent être avertis des dangers possibles d’hépatite, de son mode de transmission et les précautions à prendre.
Il faudra éviter toute piqûre, toute coupure lors des soins ou du nettoyage des instruments.
Il faudra porter des blouses chirurgicales, des gants, des masques et des lunettes protectrices durant les soins des patients porteurs d’AG HBs et durant la désinfection des instruments.
Les assistantes enceintes ne devront pas participer aux soins des patients infectés ni au nettoyage des instruments utilisés chez ces patients.
En cas d’une exposition accidentelle :
Øfaire saigner la blessure.
Øle site doit être immédiatement nettoyé à l’eau savonneuse le plus longtemps possible et rincé.
Ødésinfection de la plaie avec une solution antiseptique : eau de javel 12° pendant 10 minutes.
ØSécher et protéger la blessure.
Øune prise de sang réalisé le même jour. (pour les 2 personnes).
Øadministration d’anticorps anti-hépatite B : 0.06 ml /kg/IM le même jour puis renouvelée un mois plus tard. (Si la personne exposée n’est pas vaccinée)
Ødéclarer l’accident à la médecine de travail.
ØSuivie régulier : dosage des transaminases et sérologie.
Il est bien évident que les praticiens atteints d’hépatite virale devront arrêter leur exercice jusqu’à la guérison complète.
Le personnel ayant un AG HBs positif devra prendre des précautions pour éviter toute dissémination.
3- Stérilisation et nettoyage du matériel et de l’équipement :
La chaîne de « contamination- stérilisation » du matériel et instruments consiste à :
F désinfecter les surfaces de travail à l’aide de solutions antiseptiques pendant un temps minimum de 5 minutes.
F filtrer et désinfecter les circuits d’arrivée d’eau soit par des dispositifs inclus dans les équipements, soit ajoutés au circuits d’arrivée.
F chez les malades infectés, il faut utiliser le plus possible de matériel à usage unique.
F le matériel utilisé devra être parfaitement isolé, identifié comme infecté après usage et manipulé avec des gants.
F Plonger systématiquement l’ensemble des instruments réutilisables dès la fin de la consultation dans un bac de décontamination contenant une solution appropriée pendant 8 à 10 minutes.
F Les instruments doivent être nettoyés au savon et brossés puis rincés dans une solution efficace avant d’être stérilisés :
(Glutaraldéhyde à 2% : CIDEX*)( ou (Hypochlorite de Na fraîchement préparé).
F Les essuyés et les séchés.
F Nettoyer et graisser les instruments rotatifs qui supportent des températures de l’ordre de 135 °.
La stérilisation des instruments représente la meilleure prophylaxie.
Pour que cette stérilisation soit efficace, il faut qu’elle ait lieu à 120° pendant une heure.
2) Précautions à prendre lors des prescriptions :
a- Antibiotiques :
-Erythromycine.
-Oléandomycine.
- Tétracycline.
- Streptomycine.
b- Antalgiques :
-Acide acétyle salicylique.
-Paracétamol (DOLIPRANE*)
-Péthidine (DOLOSAL*, SUPPOLOSAL*).
-Codéine.
c- Psycholeptiques :
-Prométhazine (PHENERGAN).
d- Sédatifs, Tranquillisants :
-Barbituriques.
-Diazépam (VALEUM*).
-Méprobamate (EQUANIL*).
-Méthylpentynol (N.OBLIVON).
e- Sulfamides Antibactériens :
-Triméthoprime (BACTRIM*, EUSAPRIM*).
f- Anesthésiques locaux :
-Lidocaine (XYLOCAINE*).
-Mépivacaine (SCANDICAINE).
-Procaïne.
7. Conclusion
Compte tenu du caractère des hépatites virales et leurs modalités de transmission, un certain nombre de précautions doivent être prises par le praticien pour éviter le risque de transmission.
Pour cela, il faut se rappeler la règle de déontologie médicale, le devoir des soins à l’égard des malades en général ; surtout nous pouvons rassurer que les mesures classiques recommandées de nettoyage et de désinfection sont des conditions nécessaires et suffisantes.